« J'ai appris le français tout seul pour pouvoir lire les auteurs qui me fascinaient. Mais, lorsque j'ai dû écrire mes premier textes critiques pour Gallimard, j'ai découvert un sentiment qui ne m'a jamais quitté depuis : la peur. Peur de ne pas maîtriser assez le vocabulaire, la syntaxe, la grammaire. Peur que mes notes de lecture soient mauvaises, que mes articles soient refusés. Elle est devenue plus forte depuis que j'ai été élu à l'Académie française. Faire une faute de syntaxe sous la coupole... un véritable cauchemar ! Mais le français s'est imposé, il m'appelait. C'était le début des années 80, j'étais en train d'écrire en espagnol un recueil de nouvelles : L'amour n'est pas aimé. Et je peinais ... J'ai donc rédigé directement en français. Une amie m'a dit, alors, entre dépit et tristesse : 'En français, ta prose n'a plus d'ombre.' Plus tard, elle est revenue sur ces paroles. En fait, j'étais pour tous un écrivain de langue espagnole qui désertait sa langue.
Il m'est désormais impossible d'écrire autrement qu'en français. Je suis fasciné par cette langue, par cet amour du style, du bien écrire qu'elle recèle. Le français aime les règles. Moi aussi, même si mon imaginaire est très éloigné d'un certain classicisme que je révère. Je suis d'accord avec Cioran, qui disait que, pour lui, roumain, adopter l'écriture française, c'était se passer une camisole de force. Seulement, il y a pour moi dans cette rigueur stylistique quelque chose qui me rassure, tout comme me rassure la belle symétrie d'un paysage. »
(Hector Bianciotti, Télérama, 22 janvier 1997. Source: http://www.limbos.org/traverses/bianciotti2.htm)
Il m'est désormais impossible d'écrire autrement qu'en français. Je suis fasciné par cette langue, par cet amour du style, du bien écrire qu'elle recèle. Le français aime les règles. Moi aussi, même si mon imaginaire est très éloigné d'un certain classicisme que je révère. Je suis d'accord avec Cioran, qui disait que, pour lui, roumain, adopter l'écriture française, c'était se passer une camisole de force. Seulement, il y a pour moi dans cette rigueur stylistique quelque chose qui me rassure, tout comme me rassure la belle symétrie d'un paysage. »
(Hector Bianciotti, Télérama, 22 janvier 1997. Source: http://www.limbos.org/traverses/bianciotti2.htm)
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