« Je me sens presque toujours en exil. » - Linda Lê (2010)
« J'aime énormément les textes d'hommage, parce qu'ils attisent l'appétit de lecture et créent des connivences. Je rêve de former une communauté de gens qui auraient du plaisir à me lire et qui seraient aussi invités à faire connaissance avec des auteurs que j'admire. J'aime partager les aphorismes de Georges Perros ou la poésie disloquée du poète roumain Gherasim Luca. Aussi divers que soient ces auteurs, ils forment ma patrie d'élection. C'est une géographie mentale qui me définit. J'espère toujours que les lecteurs reconnaîtront aussi des frères en littérature en eux. (...)
J'ai toujours l'impression que la langue française représente quelque chose de trop difficile si je n'essaie pas d'abord de chercher ma propre écriture. Ecrire est donc souvent une épreuve. Je reste parfois des heures, parce que je vois qu'un mot ne convient pas du tout... Jusqu'à ce que j'aille faire une promenade où je peste contre moi-même, et que je finisse par trouver. J'ai souvent remarqué que c'est en déambulant que je trouve les idées les plus lumineuses. Dans le mouvement... Tandis que quand je m'acharne et que je reste à ma table, rien ne vient. Il faut que je marche à grandes enjambées, sans rien voir, tout à mes pensées... (...)
Je me sens presque toujours en exil. Je crois que même si je vis en France depuis longtemps je ne me suis jamais dit : là est mon pays. Mais je ne me dis pas non plus que le Vietnam est mon pays. Je porte à la langue française un amour profond. C'est mon seul point d'ancrage dans une réalité que je continue de trouver très violente. » (Extraits de l'Entretien avec Linda Lê, propos recueillis par Marine Landrot, Télérama n° 3162, 22 août 2010)
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